MASAHISA FUKASE

Si la vie (et la mort) de Masahisa Fukase fait sans doute partie des histoires les plus tragiques de la photographie, l'œuvre qui en résulte est aussi l’une des plus puissantes. Après des études d’art à Tokyo et une courte carrière dans la photographie publicitaire, il expose en 1961 sa première série intitulée « Kill the Pig », rassemblant des images d’abattoir, de nus pris avec sa première femme ainsi qu’un portrait de leur bébé mort-né pris contre le gré de cette dernière. Cette exposition marque la fin de son premier couple comme le début de sa carrière artistique. 

Très vite, il entame une relation passionnelle avec une autre femme, Yohko, qu’il photographie tous les matins depuis sa fenêtre. Dans cette fameuse série, on voit Yohko au fil des ans, de moins en moins joyeuse, annonçant la séparation qu’elle lui imposera après dix ans de relation tumultueuse. Profondément affecté, Masahisa Fukase retourne à sa terre natale de Hokkaido, dans le nord du Japon, et photographie alors compulsivement les corbeaux, faisant de ces oiseaux noirs un véritable symbole de sa solitude et de la dépression qu’il traverse. Parmi ses séries variées, personnelles, mais aussi expérimentales, « The Solitude of Ravens » reste sa plus célèbre. Entre 1974 et 1976, il collabore avec Araki Nobuyoshi, Tōmatsu Shōmei, Hosoe Eikō et Moriyama Daidō à la désormais mythique école de photographie Workshop. 

En 1992, à la sortie d’un bar, une chute le plonge dans le coma pendant vingt ans. Il finira pas décéder en 2012. Yohko n’a cessé de lui rendre visite durant cette période. 

- - - 

While the life (and death) of Masahisa Fukase is without a doubt one of the most tragic stories in photography, the resulting work is also one of the most powerful. After studying art in Tokyo and a short career in advertising photography, in 1961 he exhibited his first series entitled "Kill the Pig", bringing together images of a slaughterhouse, nudes taken with his first wife as well as a portrait of their stillborn baby taken against the latter's will. This exhibition marks the end of his first couple as well as the beginning of his artistic career.

Very soon, he began a passionate relationship with another woman, Yohko, whom he photographed every morning from her window. In this famous series, we see Yohko over the years, less and less joyful, announcing the separation that she will impose on him after ten years of tumultuous relationship. Deeply affected, Masahisa Fukase returned to his native Hokkaido, in northern Japan, and compulsively photographed crows, making these black birds a true symbol of his loneliness and the depression he was going through. Among his varied, personal but also experimental series, “The Solitude of Ravens” remains his most famous. Between 1974 and 1976, he collaborated with Araki Nobuyoshi, Tōmatsu Shōmei, Hosoe Eikō and Moriyama Daidō at the now legendary Workshop school of photography.

In 1992, while leaving a bar, a fall plunged him into a coma for twenty years. He eventually died in 2012. Yohko continued to visit him during this period.